BRIIS-SOUS-FORGES : LE CARRE MILITAIRE

L’hôpital de Bligny a été créé en 1903. Il se spécialise dans le soin des maladies pulmonaires.

Le 22 avril 1915, pour la première fois, à Langemark, près d’Ypres, un gaz se répand sur le front allié : l’ypérite. Il fera des milliers de victimes et ces malades des voies respiratoires seront dirigés vers les établissements spécialisés. Bligny, converti en Hôpital militaire (le V.R.67) recevra ainsi 4 412 gazés. Malheureusement, un grand nombre d’entre eux n’en réchapperont pas et leurs dépouilles seront, soit restituées aux familles qui le demanderont, soit inhumées dans les communes voisines. C’est ainsi que 8 d'entre elles seront transportées au cimetière de Fontenay-lès-Briis et 297 à celui de Briis-sous-Forges.

Parmi ces dernières reposent 4 militaires polonais, 2 soldats italiens et 1 Tirailleur marocain. Un carré leur est réservé dès 1921 dans la partie basse du cimetière. Le Souvenir Français aménagera cette parcelle comme en témoignèrent les croix de fonte en forme d’épée utilisées à l’époque. Il déposera également une plaque sur le bâtiment administratif de l’hôpital en mémoire de ces victimes. C’est également en 1921 que sera inauguré le monument aux Morts de la commune.

Des remises en état superficielles seront engagées en 1960 et 1966. Mais très rapidement, les croix se cassent, le sol sableux glisse et, voyant cette décrépitude, le Colonel Colson, alors délégué général adjoint du Souvenir Français pour l’Essonne, décide en 1978 d’entreprendre les démarches pour une remise en état plus conséquente. Les conversations s’engagent donc avec la Commune, le Dépar-tement, l’Etat et les instances nationales du Souvenir Français. Les travaux débuteront en octobre 1980. On rapporte de la terre pour égaliser le sol et éviter les glissements futurs. Des longrines sont posées pour sceller de nouvelles croix. On rétablit l’alignement. Le coût s’élève à l’époque à 115 608 F soit 17 624.33 €. La participation de l’Etat concernera les 136 tombes qui sont encore à sa charge. Le reste incombera à parts à peu près égales au département et au Souvenir Français.

L’inauguration a lieu le 25 octobre 1981 en présence de Monsieur Périllat, Préfet de l’Essonne, de Monsieur Lakota, Président du Conseil Général et de nombreux élus et personnalités du département. On remarque également une participation importante autour des 107 drapeaux présents et de la musique du R.M.T. stationné à Montlhéry. Monsieur Thiroin, Maire, a beaucoup œuvré pour aider à cette rénovation. A leur suite, les Présidents successifs du Conseil Général (MM. Simonin, Dugoin et Berson) et les Maires de Briis (MM. Roz et Véra) nous apporteront toujours une aide précieuse financière ou matérielle.

Le but est désormais de faire de ce Carré Militaire le "Haut-Lieu du Souvenir" dans le département. C’est pourquoi, le Préfet et le Président du Conseil Général de l’époque ont demandé au Colonel Colson de créer une cérémonie départementale annuelle. Le choix d’une date n’était pas aisé : en effet, il ne pouvait être question, ni du 9 novembre, anniversaire de la mort du Général de Gaulle, ni du 11 novembre, car les célébrations ont lieu dans les communes et au chef-lieu du département. Pour ne pas faire une répétition générale, il décide donc d’organiser une veillée tous les 10 novembre à 19 heures.

Ultérieurement, pour soulager des communes dont les moyens ainsi que les terrains sont limités, le Ministère autorise le Souvenir Français à transférer des corps inhumés dans leurs cimetières communaux vers le Carré Militaire de Briis-sous-Forges :

* le 3 novembre 1983, ce sont 4 soldats de Villiers-le-Bâcle.

* le 19 septembre 1984, 2 d’Authon-la-Plaine.

* le 22 octobre 1992, 8 de Fontenay-lès-Briis.

Tous ces transferts se font évidemment avec les honneurs militaires. Ainsi la valeur symbolique est renforcée puisque les deux grandes guerres sont représentées.

Puis, de nouveaux travaux d’agrandissement et d’embellissements vont se réaliser au cours du temps :

* en 1998, un agrandissement permettra de créer 25 places nouvelles et d'entreprendre des travaux d’électricité qui seront supportés par le département, la commune et le Souvenir Français, permettront alors accueillir des combattants de tous les conflits.

* en 2003, un lutrin est posé à l’entrée du Carré Militaire avec les deux logos de la commune et du Souvenir Français.

* en 2003, également, est créée une Place d’Armes avec mât des couleurs. Cette réalisation est offerte par le Ministère des Anciens Combattants dont le Directeur Interdépartemental du Patrimoine, M. Jobez, nous honore toujours de sa présence.

Ainsi, tous les ans, le 10 novembre, le département, avec ses plus hautes Autorités, l'Armée, la Gendarmerie, les élèves des écoles et du collège, de nombreux porte-drapeaux, les jeunes pompiers, les marins, les jeunes de la Deuxième Chance, une population recueillie venant de partout en Essonne, viennent se souvenir et honorer ceux qui ont tout sacrifié pour que nous vivions libres.

La veillée du 10 novembre 2008

Le Colonel (H) André Colson, délégué général du Souvenir Français pour l’Essonne, remercie tous ceux qui ont contribué à faire de ce lieu le témoin départemental privilégié de la Mémoire.